My soul is painted like the wings of butterflies,
Fairy tales of yesterday will grow but never die,
I can fly, my friends…
Freddie Mercury
Un nouveau regard
Aujourd’hui, une
révolution s’organise autour de la cause animale. Les études scientifiques nous incitent à penser l’animal différemment. Après l’avoir considéré comme une machine ou comme un être inférieur, les scientifiques lui accordent intelligence et culture. Dans les sociétés européennes et partout ailleurs, les mentalités et les comportements changent envers les animaux. Devenus sensibles, inventifs, expressifs, ils apparaissent sous un jour et nouveau, et pourtant… il s’agit d’une sorte de retour aux sources.
En 2015, le Code civil français reconnaît que les animaux sont des êtres doués de sensibilité, non réductibles à leur utilisation et donc sujets de droits.
Au temps où les animaux parlaient
Cette proximité entre les êtres humains, les animaux et la nature se retrouve dans les mythes, les fables et les contes du monde entier, qui nous racontent qu’il fut un temps très ancien où la frontière entre l’homme et l’animal n’existait pas, où les êtres humains et les animaux parlaient le même langage.
C’était au temps où les oiseaux avaient des dents, les bêtes parlaient, les arbres chantaient et les pierres marchaient. (Catalogne)
C’était au temps où les animaux parlaient, le merle était charbonnier, le cheval boulanger, le chien charpentier. (Turquie)
On a d’ailleurs tendance à dire que plus les animaux
parlent dans les contes, plus on a affaire à des versions anciennes, appartenant au domaine du
merveilleux, qui n’ont pas encore été frappées par le phénomène de rationalisation qui a accompagné l’évolution des sociétés humaines.
Les animaux, une aide précieuse pour les êtres humains
Dans les
contes merveilleux, l’animal est une figure de la
conscience, agent de liaison entre un monde et l’autre (chien, coq, colombe…). L’animal tient aussi le rôle de
commentateur de l’action. Les oiseaux sont très souvent doués du don de
prophétie, pour qui sait les écouter, ils peuvent prédire l’avenir, ils en savent plus que nous. L’animal a aussi souvent le rôle d’aide magique (
auxiliaire chez Propp). Les animaux sont des donateurs (terme également utilisé par Propp,
lien vers fiche thématique) récurrents, dans les contes. Ils sont reconnaissants et ils rendent service. Tel héros rencontre un faon pris dans les ronces, le délivre et la biche arrive et lui dit : “Je te suis reconnaissante à jamais, si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi, je viendrai t’aider.”
Certains contes, que l’on appelle «
contes d’animaux » se caractérisent par la
rivalité, et mettent la plupart du temps en scène deux animaux qui se rencontrent et s’affrontent. L’homme peut parfois jouer un rôle. Les caractéristiques portées par les animaux sont humaines.
Nombreux, variés, souvent vivants et drôles, ces contes sont une mine et souvent d’un abord facile pour le conteur débutant. La
ruse les caractérise, avec la figure du renard ou du lièvre en Europe mais aussi aussi, selon les régions, l’araignée, la tortue (
[lire le conte] Le nom de l’arbre), la gazelle…
L’humain, un animal parmi d’autres ?
Les contes d’animaux sont des récits “d’intelligence pratique”, tout comme les
fables. Sous l’animalité, déguisement dont personne n’est dupe, qui leur permet de mieux faire passer leur efficacité symbolique, se dissimule un enseignement, une astuce pour permettre au plus petit, au plus faible, de vaincre le plus fort.
Répandues en Europe, un certain nombre de
fables sont venues d’Inde, parfois via le Moyen-Orient. Beaucoup d’entre elles ont été transcrites très tôt. Dès le VIe siècle avant notre ère, le Grec Ésope s’en fait l’écho, puis le Romain Phèdre, au Ier siècle de notre ère. C’est dans ce fonds commun que La Fontaine et ses émules puiseront leurs matériaux à usage pédagogique et politique. Ainsi, sans le savoir, certains enfants racontent en classe de très vieilles fables indiennes, comme La tortue et les canards
[lire la fable], qui se trouve à la fois dans le Panchatantra indien (VIe s.) et chez La Fontaine (XVIIe s).
Parallèlement à ces versions écrites, ces récits ont aussi été transmis oralement pendant des siècles.
Les fables comportent une
moralité plus ou moins explicitement formulée, qui est, ou bien clairement énoncée au début et, dans ce cas, le récit l’illustre, ou bien tirée à la fin en leçon explicite.
L’enfance de l’humanité
Les contes nous viennent de l’enfance de l’humanité. En abolissant les frontières, ils parlent à l’intelligence de l’enfant. Naturellement sensible à un monde animiste, l’enfant s’approprie plus facilement un récit avec des animaux qu’avec des êtres humains.