Contes
Europe de l'Ouest

L’Arbre à Cornes

level 3
Difficulté ***

Il était une fois trois frères qui décident de partir à l’aventure. Ils arrivent dans une auberge où ils demandent à dormir.
L’aubergiste leur apprend qu’il y a tout près un château où personne n’ose aller. Mais, comme ils n’avaient pas peur, ils s’en vont au château où ils trouvent les tables couvertes de bonnes choses à manger et à boire.
Ils décident de surveiller chacun à son tour.

L’aîné se plaça à la grille du château pendant que ses frères dormaient. À minuit, une voiture arriva : clic ! clac ! clic ! clac !
« Qui est là ? » crie le jeune homme.
« Postillon du diable ! » qu’on répond de la voiture.
« Postillon du diable si tu veux, mais tu ne passeras pas. »
« Je passerai ! »
« Si tu fais un pas, je te brûle la cervelle. »

Alors, comme le jeune homme était bien résolu à tenir sa parole, on lui dit que s’il laisse passer la voiture, on lui donnera un manteau avec lequel il pourrait se transporter n’importe où. Il accepte, mais aussitôt le château eu l’air de prendre feu. Le pauvre garçon pensait que ses frères allaient être brûlés, mais au matin, il fut surpris de les voir sains et saufs. La même chose se passa le deuxième jour ; le deuxième frère reçu une nappe avec laquelle il pouvait recevoir à manger et à boire, et le troisième reçu un porte-monnaie qui n’était jamais vide : plus on en prenait, plus il en venait.
Le cadet demande à ses frères s’ils veulent bien lui vendre le manteau et la nappe, et il leur propose de leur donner en échange autant d’or qu’ils veulent. Ils acceptent et ils retournent chez eux. Mais il voulait voir le monde et ayant mis son manteau sur son dos, sa nappe et sa bourse dans ses poches, il dit :
« Grâce à mon manteau, que je sois à deux mille kilomètres d’ici. »
Voilà qu’il se trouve aussitôt devant un grand et beau château. Il y entre et demande si on n’a pas besoin d’un cuisinier. Cela tombait bien : la princesse allait justement se marier et il manquait un cuisinier. Il fut accepté tout de suite.
Mais, le jour du mariage, notre homme s’occupait de tout sauf du banquet ; il ne faisait aucun préparatif et les serviteurs ne savaient pas ce que cela voulait dire. Le jeune homme, quelques instants avant le diner, dit :
« Grâce à ma nappe, que la table soit couverte des aliments les plus délicieux pour tous ces gens. »
Aussitôt le festin était prêt.

La femme de chambre avait vu ce qu’il s’était passé et elle le raconta à sa maîtresse. Elles décidèrent de l’espionner, et effectivement, au soir, elles virent par le trou de la serrure qu’il cachait soigneusement ses trois objets précieux sous son matelas ; ce qu’il faisait à chaque fois par peur des voleurs.

Alors quand il fut endormi, elles allèrent les voler, et le lendemain, la princesse mit le pauvre garçon à la porte.
Tout triste, il s’en alla sans savoir où aller, et se trouva le soir dans une prairie où il y avait des pruniers. Il avait faim. Il monte sur un arbre pour goûter les prunes ; mais dès qu’il mordit dans le fruit, son nez s’allongea d’une douzaine de centimètres. Il monte sur un autre arbre et il mange une autre prune, et voilà que son nez redevient comme avant. Il prit alors des prunes des deux arbres, et s’en alla au château.
Quand la princesse et sa femme de chambre ont vu les beaux fruits, elles en eurent envie ; mais à peine avaient-elles mangé des prunes du premier arbre, que leur nez s’allongea, s’allongea tellement ! Quand le jeune homme vu cela :
« C’est tant mieux, dit-il. Vous n’avez que ce que vous méritez. »
Et là-dessus, il se présenta, offrant en même temps de les guérir si elles lui rendaient ce qu’elles lui avaient pris.


Pour prouver ce qu’il disait, il guérit la femme de chambre. On lui apporta alors son manteau, sa nappe et son porte-monnaie et quand il a mis son manteau sur son dos et sa nappe et sa bourse dans sa poche, il a dit :
« Grâce à mon manteau, que je sois auprès de mes parents. »
Au même moment, son souhait fut réalisé et la princesse resta avec son petit nez.
Et moi j’étais là avec mes jambes de beurre et mes souliers de papier, et je suis revenu sur le dos de notre chien.

Auguste Gittee et Jules Lemoine – remanié