Contes
Europe de l'Ouest

Les Trois souhaits

level 2
Difficulté **

Résumé : Un homme et sa femme se plaignaient de leur sort jusqu’au jour où un vieillard leur accorde trois souhaits. Le soir au coin du feu ils réfléchissent soigneusement aux voeux. Pourtant comme il ferait bon avoir un boudin à griller sur ce bon feu…

Il était une fois un homme et une femme, fort pauvres et qui se plaignaient toujours de leur sort.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! disaient-ils, il y en a qui sont si heureux ! Nous, toute la journée, nous allons dans le bois pour ramasser des fagots, faire du charbon.
Un vieillard, qui traversait la forêt, les entendit.
— Vous n’êtes pas contents de votre sort, je le vois. Et bien ! je veux faire quelque chose pour vous. Exprimez trois souhaits ; ils s’accompliront aussitôt.

Le soir, les deux charbonniers étaient au coin de leur feu. Ils réfléchissaient.
— Qu’allons-nous demander ? disaient-ils.
Tout à coup regardant les bûchettes qui pétillaient dans le vaste foyer, la bonne femme s’écria, sans penser aucunement à formuler un vœu :
— C’est égal, s’il y avait une aune de boudin sur cette bonne braise, cela ferait bien mon affaire.
Tout aussitôt une aune de boudin tomba de la cheminée au milieu des charbons ardents.
La figure du mari devint cramoisie. En proie à une violente colère, il s’écria :
— Vieille folle ! C’est là ton souhait ! Une chose si insignifiante ! Par ma foi, je voudrais que cette aune de boudin s’accrocha au bout de ton nez.
Aussitôt fait que dit. Un superbe boudin vint se balancer sur le nez de la charbonnière.
Nos deux époux, au coin de leur feu, criaient et se disputaient. Leur vie était devenue un enfer.

Ils n’avaient plus qu’un souhait à exprimer. Ils réfléchissaient la tête dans leurs mains ; pendant ce temps les jours s’écoulaient et le boudin pendait toujours au nez de notre malheureuse.
Le mari touché de compassion, prit enfin le parti le plus sage :
— Il faut que je te tire de peine, dit-il. Je souhaite que le boudin quitte ton nez et s’en aille au diable. Restons pauvres. Les richesses ne font point le bonheur. Le troisième souhait fut exaucé comme les précédents et nos deux bons vieux charbonniers continuèrent jusqu’à leur mort à travailler dans les bois.

Revue des traditions populaires – Tome XXXIII n°5-6, Société des traditions populaires, 1918

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