
Il y avait une fois un cochon, une cane et une oie, qui s’entendaient très bien ensemble. Il y avait aussi un loup, qui demeurait tout près d’eux, dans le bois.
Un jour, les trois camarades voulurent se bâtir chacun une maison. La cane alla dans le bois, elle ramassa de la mousse et des feuilles, et se fit une maison.
L’oie alla dans le bois, elle ramassa des feuilles, de la mousse et des petites branches, et elle se bâtit une maison.
Mais le cochon prit des planches, des clous et un marteau, et se bâtit une solide maison. Et même, sur le toit, il planta une quantité de clous, la pointe en l’air.
Quand tout fut fini, le loup arriva. Il alla droit à la maison de la cane, et dit :
– Cane, ouvre-moi.
– Pourquoi faire?
– Je veux entrer chez toi.
– Non, je ne veux pas t’ouvrir.
– Alors, je monterai sur ta maison, et je sauterai tant, je taperai tant, que je l’écraserai.
– Monte si tu veux.
Le loup monta sur la maison de la cane et il l’écrasa, mais la cane s’était sauvée chez l’oie.
Alors, le loup alla chez l’oie.
– Oie, ouvre-moi.
– Pourquoi faire?
– Je veux la cane, qui est chez toi.
– Non, je ne veux pas t’ouvrir.
– Alors, je monterai sur ta maison, et je taperai tant, je sauterai tant, que je l’écraserai.
– Monte si tu veux.
Le loup monta sur la maison de l’oie, et il l’écrasa, mais elle s’était sauvée chez le cochon, avec la cane.
Le loup se rendit chez le cochon :
– Cochon ouvre-moi.
– Pourquoi faire?
– Je veux la cane et l’oie, qui sont chez toi.
– Non, je ne veux pas t’ouvrir.
– Alors, je monterai sur ta maison, et je taperai tant, je sauterai tant, que je l’écraserai.
– Monte si tu veux.
Le loup monta sur le toit, et il commença à taper et à sauter, mais les clous que le cochon avait plantés lui entrèrent dans la chair, et il descendit bien vite.
Alors il colla son nez contre le trou de la serrure, et regarda ce qui se passait. Le cochon avait dit à ses deux amies :
– Nous allons faire de la bouillie de maïs. La cane va faire le feu, l’oie va apporter l’eau, et, moi, je passerai la farine avec ma queue.
Le loup regardait et disait tout bas :
– Je voudrais bien manger de la queue qui guigne, qui guigne, qui passe la farine !
Le cochon l’entendit et cria
– Qu’est-ce que tu dis, loup ?
– Oh ! je dis que la cane fait bien le feu… Je voudrais bien manger de la queue qui guigne, qui guigne, qui passe la farine !
– Qu’est-ce que tu dis, loup ?
– Oh ! je dis que l’oie va bien chercher l’eau… Je voudrais bien manger de la queue qui guigne, qui guigne, qui passe la farine !
– Qu’est-ce-que tu dis, loup ?
– Oh! je dis que tu passes bien la farine.
Quand la farine fut toute passée, le cochon la délaya avec de l’eau froide et la versa dans la marmite, et il la tournait avec une grande cuiller en bois. Le loup regardait toujours.
Quand la bouillie fut cuite et toute bouillante, le cochon cria :
– En veux-tu, loup ?
– Je veux bien.
– Tends la patte.
Le cochon ouvrit un peu la porte, et le loup passa la patte, espérant pouvoir entrer. Mais le cochon lui versa dessus une bonne cuiller de bouillie toute chaude, si bien que le loup se mit à hurler et s’enfuit dans le bois. Il n’est jamais revenu depuis.
Le cochon, la cane et l’oie vécurent très heureux ensemble, sans jamais se disputer.